La glacière

Localisation : Se situe à la rue du Tilleul, dans le talus au-dessus du n°79

Coordonnées GPS : 49.677691, 5.512217

Historique :
L’usage de la glace pour la conservation des aliments remonte à l’Antiquité grecque et romaine. Cet usage disparut au Moyen-Âge vu son coût mais revint à l’époque moderne, essentiellement chez les nobles et parmi les classes aisées, s’agissant d’un produit de luxe.

Adolphe MOULU s’installa au village comme boucher en 1889. Pour conserver la viande, il fit construire cette glacière.

Il mit le bâtiment à disposition d’autres personnes intéressées, comme par exemple les docteurs PONCELET et DAUBY qui y gardaient les médicaments et de la glace pour les blessés et malades.

Jusqu’à ce qu’il dispose d’appareils frigorifiques personnels (aux alentours de 1920-1930), la laiterie THONON utilisait également la glace d’Adolphe MOULU.

Dans l’entre-deux-guerres et surtout après 1945, la production de glace et de froid s’étant démocratisée et banalisée par l’introduction, dans tous les commerces et les ménages, d’appareils de conservation domestiques de type réfrigérateur, la glacière perdit son utilité…

Pas tout à fait cependant…

Dans les années 1930, Adolphe MOULU revendit la glacière à Henri NICOLAS qui s’en servit comme cave, sans y déposer de la glace, pour conserver idéalement ses fruits et légumes.

Dans les années 1950, l’agriculteur voisin fut autorisé par le propriétaire à y entreposer sa récolte de pommes de terre. Lui non plus n’utilisa pas la glacière comme une réserve de glace mais seulement comme une chambre froide, parfaitement isolée.

En effet, lorsqu’on analyse l’emplacement géographique de la glacière, celle-ci est construite au flanc d’une colline, ce qui lui assure une parfaite isolation aux variations climatiques et une très bonne protection contre les rayons du soleil grâce à une importante quantité de terre.

D’un point de vue architectural, la glacière « Moulu » est un édifice circulaire coiffé d’une coupole ; ce genre d’édifice étant le plus répandu dans la région. Elle a, globalement, la forme d’un œuf de 4 mètres de diamètre. La coupole, elle-même recouverte d’un monticule de terre pour une isolation optimale du bâtiment, est percée en son centre par un conduit de cheminée qui permet d’éclairer la pièce et de laisser échapper les gaz.

La voûte est réalisée en briques alors que les murs, très épais, sont en pierre. L’isolation est également assurée par l’installation de deux portes successives ouvertes au nord-est, celles-ci formant un sas.

La glacière est constituée par un puit de quelques 4 mètres de profondeur dans lequel, jadis, on accumulait la glace posée en couches successives séparées entre-elles par une petite épaisseur de branchages et de pailles. Le fond du puits est maçonné et pourvu d’une canalisation qui servait, au temps de l’exploitation de la glacière, à l’écoulement de l’eau de fonte vers l’extérieur.

Au vu des dimensions du puits et de son volume de plusieurs dizaines de mètres cubes, on se rend compte du nombre de blocs de glace nécessaires pour remplir la glacière. Le prélèvement de la glace naturelle était une lourde opération. Dans les ruisseaux et rivières proches de la glacière (en l’occurrence la Semois), de solides gaillards, coupaient à la scie et à la hache des pains de glace de préférence limpides. Ils les transportaient le plus rapidement possible jusqu’à la glacière, en se servant de sacs de jute. Ce travail s’effectuait les jours les plus froids de l’année, à la pointe de l’aube. Dans ces conditions extrêmes, la manipulation de lourds morceaux de glace était difficile à supporter même par les organismes les plus robustes et endurants.

En principe, la glace se conservait dans la glacière jusqu’à l’hiver suivant.